Ces derniers temps, la gestion des biodéchets est devenue une priorité pour de nombreux acteurs professionnels, qu’il s’agisse de restaurants, d’hôtels, de cantines ou encore d’entreprises engagées dans une démarche RSE.
Ainsi, le volume important de déchets alimentaires et de déchets organiques soulève des questions à la fois écologiques et économiques. Les réglementations récentes imposent un tri à la source, pour réduire nos poubelles et favoriser la valorisation. Dans ce contexte, deux solutions existent : le compostage et la méthanisation. Seulement voilà : comment savoir laquelle conviendra le mieux à votre structure ? Quels sont leurs avantages, leurs inconvénients et leurs impacts respectifs ? Devez-vous opter pour un compostage industriel afin de traiter d’importants volumes, ou envisager la méthanisation pour profiter du potentiel énergétique ?
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet qui vous permettra de faire votre choix entre compostage ou méthanisation. Vous découvrirez les principes de chaque technique, leurs contraintes légales, un comparatif autour de critères clés et des conseils pour optimiser la gestion de vos déchets.
Petit clin d’œil écologique ♻ : n’oubliez pas qu’une bonne valorisation de vos biodéchets contribue à préserver la planète tout en renforçant l’image éco-responsable de votre entreprise.
Biodéchets : de quoi parle-t-on ?
Les biodéchets désignent l’ensemble des déchets alimentaires : restes de repas, épluchures, marc de café, feuilles, tontes de pelouse, pailles, fumiers… Les restaurants, cantines et traiteurs génèrent surtout des déchets alimentaires, tandis que d’autres entreprises s’occupent davantage de déchets verts issus de l’entretien des espaces extérieurs. Plutôt que de finir dans des poubelles vouées à l’incinération ou à l’enfouissement, ces matières riches peuvent être converties en ressources (compost ou biogaz) grâce à un tri adapté.
Adopter une solution de valorisation (compostage ou méthanisation) n’est pas seulement un geste pour l’environnement 🌱 : c’est aussi une opportunité pour répondre aux obligations légales, éviter des sanctions et, potentiellement, réaliser des économies ou générer de la valeur.
Contexte réglementaire pour les professionnels
La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) a rendu obligatoire, depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le tri à la source des biodéchets pour tous les acteurs, y compris les professionnels. Concrètement, vous devez :
- Séparer vos déchets alimentaires du reste.
- Mettre en place une filière de valorisation adaptée (compostage ou méthanisation), soit en interne, soit avec un prestataire externe.
- Être en mesure de prouver que vous êtes en conformité (contrats de collecte, fiches de suivi, etc.).
De plus, cette obligation légale s’accompagne d’une dimension d’image : elle témoigne de l’engagement de votre structure envers l’environnement et la réduction de ses poubelles. En cas d’inaction, vous risquez des sanctions et un impact négatif sur votre réputation.
Le compostage : quelques explications
En quoi consiste le compostage ?
Le compostage est un processus naturel de décomposition aérobie. Des micro-organismes transforment les déchets organiques en un amendement riche (le compost) qui nourrit les sols. Il existe diverses formes de compostage, du petit bac de cuisine à la plateforme de compostage industriel qui peut traiter d’importants volumes.
Contrairement à la méthanisation, le compostage ne produit pas d’énergie. Toutefois, il est simple à comprendre : quand le mélange est bien équilibré (matières sèches comme des feuilles ou copeaux, et matières humides comme des restes alimentaires), on limite les odeurs et on obtient un compost de qualité.
Compostage sur place ou compostage industriel
Compostage sur site :
si vous avez un espace extérieur et un volume de déchets alimentaires raisonnable, vous pouvez installer des bacs de compost. C’est souvent le cas des restaurants ou cantines de taille moyenne qui souhaitent limiter les transports. Le personnel doit être formé au tri et au suivi (brassage, contrôle de l’humidité), mais cette solution reste abordable et accessible.
Compostage industriel :
pour de plus gros volumes, un prestataire collecte vos biodéchets et les achemine vers une plateforme dédiée. Cela entraîne des coûts de transport mais épargne du temps et de la place en interne, tout en évitant les contraintes d’entretien d’un composteur sur site.
Avantages du compostage
Parmi les avantages du compostage, on peut citer une mise en œuvre relativement simple, surtout à petite échelle. Qui plus est, le coût d’investissement des bacs et formations reste faible et la démarche locale et souvent conviviale (sensibilise vos équipes au tri). Enfin, la production d’un compost fertilisant enrichit les sols.
Inconvénients du compostage
Il existe cependant quelques inconvénients minimes qui consistent à devoir déployer une gestion nécessaire pour éviter odeurs ou nuisibles (brassage, ratio sec/humide).
De plus, lorsqu’il n’ya pas de production d’énergie, le potentiel méthane n’est pas exploité et à grande échelle, le compostage industriel exige une logistique plus complexe (collecte, transport).
La méthanisation : comment ça marche ?
La méthanisation est un processus anaérobie qui a lieu dans un digesteur hermétique. Les déchets organiques se décomposent alors sans oxygène pour produire :
- Du biogaz (principalement du méthane), valorisable pour produire de l’électricité, de la chaleur ou être injecté dans le réseau.
- Un digestat, résidu fertilisant qui peut être répandu sur les sols.
Ce système présente un atout majeur ⚡ : on convertit les déchets alimentaires et autres biodéchets en énergie renouvelable, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre liées à la fermentation naturelle.
Mise en place et logistique de la méthanisation
Créer sa propre unité de méthanisation est un projet ambitieux, car il implique un investissement élevé, des démarches administratives (ICPE) et la garantie d’un volume suffisant de déchets à traiter. Beaucoup d’entreprises optent donc pour la mutualisation avec d’autres acteurs (ex. plusieurs restaurants ou cantines d’une même zone géographique) afin de regrouper leurs flux de biodéchets.
Il est également possible de confier la collecte de vos déchets alimentaires à un prestataire qui dessert une unité de méthanisation existante. L’avantage est la simplicité, mais vous restez dépendant des tarifs et de la disponibilité de la filière.
Avantages de la méthanisation
Il existe pas mal d’avantages liés à la méthanisation qui offre ainsi une production d’énergie renouvelable, intéressante pour la transition énergétique.
Ce procédé permet également le traitement de gros volumes et transformation rapide des déchets ainsi qu’une réduction des émissions de méthane libres, puisque le gaz est capté et valorisé.
Il permet aussi de générer des revenus potentiels (vente de l’électricité, du biométhane, valorisation du digestat).
Les inconvénients de la méthanisation
Un tel procédé nécessite toutefois un investissement financier lourd et des contraintes réglementaires complexes, sans compter un transport parfois important si le digesteur est éloigné, ce qui pèse sur le bilan carbone.
Parmi les inconvénients, des risques d’odeurs si la logistique ou le stockage sont mal gérés, sans oublier la nécessité d’un volume constant pour assurer la rentabilité de l’installation.
Compostage VS Méthanisation : le match
1. Production d’énergie
- Compostage : pas d’énergie produite.
- Méthanisation : valorisation du méthane en électricité, chaleur ou gaz injectable.
Verdict : la méthanisation l’emporte nettement pour l’aspect énergétique ⚡.
2. Impact écologique global
- Compostage : enrichit les sols, nécessite peu de transport si réalisé localement. Peut émettre du méthane s’il est mal aéré, mais reste globalement simple et peu énergivore.
- Méthanisation : capture du méthane, ce qui évite des émissions directes. Attention toutefois à l’empreinte carbone liée au transport des déchets.
Verdict : match nul selon les circonstances. Localement, le compostage peut être plus vertueux ; à grande échelle, la méthanisation est très efficace pour éviter des émissions de GES.
3. Rentabilité économique
- Compostage : investissement réduit (bacs, sensibilisation), pas de recettes directes mais économie d’engrais, réduction de la taxe d’ordures ménagères.
- Méthanisation : investissement élevé, mais production d’énergie vendable, subventions possibles.
Verdict : compostage avantageux pour les petits volumes, méthanisation rentable dès lors qu’il y a mutualisation et volumes conséquents.
4. Dimension sociale
- Compostage : favorise la sensibilisation des équipes au tri et à la préservation de la planète, grâce à une approche locale et conviviale.
- Méthanisation : plus industrielle, elle implique moins directement le grand public, mais offre la possibilité de créer des emplois spécialisés au niveau territorial.
Verdict : sur le plan social, c’est un match nul : chaque solution apporte un bénéfice collectif, qu’il s’agisse d’implication citoyenne ou de création d’emplois locaux.
5. Nuisances et bilan carbone
- Compostage : s’il est mal géré, peut dégager des odeurs ou attirer des nuisibles (rats, mouches…). Un bon équilibre sec/humide et un brassage régulier limitent ce risque.
- Méthanisation : peut provoquer des odeurs lors du stockage ou du transport, et il faut veiller à la bonne étanchéité du digesteur. Les transports augmentent le bilan carbone s’ils ne roulent pas en véhicule électrique (ce n’est pas le cas chez Hector le Collector qui disposer d’une flotte de véhicules 100% électriques 🤫)
Verdict : chacun doit être géré correctement pour éviter les nuisances ; l’échelle (locale versus grand site industriel) fait souvent la différence.
Méthanisation ou Compostage : Les questions récurrentes des professionnels
1) Devrions-nous faire du compostage sur place ?
Si vous avez un espace extérieur, des quantités raisonnables et la volonté d’impliquer vos collaborateurs, alors oui ! Le compostage sur place est économique et pédagogique. Vos restaurants, cantines ou bureaux peuvent ainsi réduire leurs poubelles en transformant facilement les épluchures, restes alimentaires et déchets verts en compost fertile.
2) Que faire si nous produisons de gros volumes ?
Le compostage industriel ou la méthanisation via un prestataire sont alors à envisager. Plusieurs sites regroupent leurs déchets pour gagner en efficacité. Cette mutualisation peut réduire les coûts de collecte et créer une filière rentable.
3) Quels sont les coûts et les subventions disponibles ?
Le compostage (surtout à petite échelle) nécessite peu d’investissement. La méthanisation peut être soutenue par des aides publiques (régions, ADEME) si votre projet est solide. Faites réaliser un diagnostic précis pour obtenir un plan de financement clair et évaluer la rentabilité.
4) Sommes-nous soumis à la loi sur le tri des biodéchets ?
Oui, depuis 2024, tous les professionnels doivent trier leurs déchets alimentaires et déchets organiques à la source. Les contrôles administratifs peuvent vérifier que vous respectez la législation et disposez d’une solution de valorisation adaptée.
La conclusion d'Hector
Que l’on soir clairs : chaque acteur de notre société pleinement le droit d’opter pour la filière de valorisation des déchets alimentaires qui correspond le plus à ses valeurs 🤗
Certaines entreprises adoptent même un mix : compostage d’une partie des déchets (ceux faciles à traiter localement) et méthanisation du reste via un réseau ou un prestataire externe.
Il ne vous reste plus qu’à évaluer la solution la plus cohérente avec vos contraintes et vos objectifs. Bien gérée, cette démarche écologique peut être un vrai plus pour la réputation de votre établissement et la motivation de vos équipes !
