Dans les couloirs feutrés des centres hospitaliers universitaires (CHU), la gestion des déchets aura longtemps été perçue comme étant une contrainte logistique et sanitaire.
Pourtant, derrière les portes des services de soins, c’est une véritable petite ville qui fonctionne jour et nuit : restauration collective, laboratoires, blocs opératoires, chambres, bureaux… Autant de lieux où s’accumulent chaque jour des tonnes et des tonnes de déchets qui peuvent rapidement devenir problématiques.
Aujourd’hui, la donne a changé. En effet, la valorisation n’est plus seulement une option, elle s’impose comme un levier sanitaire, environnemental et économique. Et dans cette transformation, des acteurs spécialisés à l’instar d’Hector le Collector apportent des solutions concrètes, en rendant possible une gestion sur-mesure et durable des biodéchets hospitaliers.
Une masse invisible mais colossale
À première vue, un hôpital semble surtout proposer des soins. Seulement voilà : derrière cette mission essentielle se cache une réalité beaucoup moins visible : 7000 tonnes de déchets produits par les établissements de santé chaque année en France, soit l’équivalent des ordures ménagères d’une ville entière de la taille de Lyon. Ce chiffre donne la mesure d’un enjeu que les CHU ne peuvent plus ignorer.
Parmi ces flux, environ 15 à 20 % relèvent des DASRI (Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux). Ce sont les déchets les plus sensibles — aiguilles, pansements, gants souillés — qui doivent être incinérés pour garantir la sécurité sanitaire. Mais le reste, l’immense majorité, ce sont des déchets dits « classiques » : papiers, cartons, plastiques, textiles… et surtout, des tonnes de biodéchets issus de la restauration hospitalière.
Un grand CHU, où l’on prépare chaque jour des milliers de repas, produit ainsi plusieurs centaines de tonnes de restes alimentaires chaque année. Assiettes non terminées, excédents de cuisine, denrées périmées… autant de ressources qui, mal orientées, finissent incinérées. Pourtant, grâce à un tri rigoureux et une meilleure organisation, ces flux pourraient être transformés en compost ou en énergie renouvelable. Pour mieux comprendre ce gisement, il suffit de parcourir la liste des biodéchets que doivent désormais trier les établissements. Cela illustre la variété des matières organiques concernées, des épluchures de légumes aux restes de plats préparés.
À cela s’ajoutent les emballages plastiques et cartons générés par la logistique médicale et alimentaire. Selon l’ADEME, les plastiques à usage unique représentent plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an dans le secteur hospitalier, mais moins de 10 % trouvent aujourd’hui une filière de recyclage.
On le voit bien : un hôpital, c’est une véritable petite ville, avec sa cuisine centrale, ses services techniques, ses bureaux administratifs, ses blocs opératoires… Et comme toute ville, il génère une diversité de déchets impressionnante. La différence, c’est qu’ici chaque geste de tri et de valorisation compte double : il réduit l’impact écologique tout en renforçant l’image d’un hôpital engagé, au service de la santé des patients et de la planète.
Le virage du tri et de la valorisation des déchets
La réglementation française a joué un rôle décisif. Depuis 2016, tous les gros producteurs de biodéchets ont l’obligation de les trier et de les faire valoriser, et les hôpitaux n’y échappent pas. Les directions logistiques ont dû repenser leurs pratiques : installation de bornes de tri sélectif dans les services, formation du personnel soignant et hôtelier, mise en place de collectes spécifiques pour les biodéchets, les cartons, les plastiques.
Pour les restes alimentaires, les solutions varient : certains CHU privilégient le compostage de proximité ou l’envoi vers des unités de méthanisation qui transforment les déchets organiques en énergie durable. D’ailleurs, les acheteurs publics et les gestionnaires d’établissements hospitaliers sont de plus en plus nombreux à se rendre dans les salons dédiés à l’environnement, afin de découvrir les solutions innovantes et rencontrer les acteurs capables de les accompagner dans cette transition.
D’autres explorent la redistribution, en développant des partenariats avec des associations locales afin de donner les repas non consommés mais encore sains.
Au-delà de la conformité réglementaire, les bénéfices sont tangibles. La valorisation permet d’abord de réduire les coûts liés à l’incinération des déchets non triés, une charge lourde pour les établissements de santé. Elle améliore aussi l’image des hôpitaux, de plus en plus scrutés sur leurs pratiques RSE. Enfin, elle participe à la dynamique territoriale : les biodéchets transformés en biogaz alimentent les réseaux de chaleur locaux, l’électricité produite peut couvrir les besoins de centaines de foyers, et les composts enrichissent les sols agricoles.
Les CHU et autres établissement hospitaliers et de santé deviennent ainsi des acteurs à part entière de l’économie circulaire, créant un pont entre santé publique et transition écologique.
Des bénéfices multiples...
Au-delà de la conformité réglementaire, la valorisation apporte des bénéfices concrets : réduction des coûts liés à l’incinération, amélioration de l’image des établissements, participation à l’économie circulaire locale. Une fois valorisés, ces biodéchets produisent de l’énergie renouvelable, alimentent les réseaux de chaleur urbains et permettent de générer des composts utilisés en agriculture.
Pour un hôpital, s’engager dans cette démarche, peut non seulement réduire son empreinte écologique, mais également affirmer une responsabilité sociétale qui va bien au-delà de la simple mission de soin.
Mais un défi organisationnel et humain
Le tri impose une discipline nouvelle dans des services déjà sous pression. Il s’agit essentiellement de sensibiliser les équipes, former le personnel hôtelier, organiser la logistique des collectes, etc. nécessitant entre-autre, une coordination millimétrée. Certaines filières, comme le recyclage des plastiques médicaux, peinent encore à se structurer, et la gestion des DASRI limite le potentiel global de valorisation.
Malgré ces contraintes, des CHU avancent concrètement. À Montpellier par exemple, la cuisine centrale, qui produit plus de 10 000 repas par jour, a renforcé son engagement durable en réduisant ses emballages plastiques et en triant ses biodéchets.
À Nantes, le tri des métaux permet de valoriser environ cinq tonnes de déchets chaque année, réduisant la facture énergétique de près de 15 %. À Clermont-Ferrand, une partie des biodéchets est déshydratée puis envoyée vers des filières de compostage ou de méthanisation. Et à Toulouse, l’appui d’Hector le Collector marque une étape importante : la valorisation des biodéchets y est désormais pilotée par un acteur spécialisé, capable de conjuguer efficacité logistique et impact positif sur le territoire.
Vers une culture de la durabilité hospitalière
Ce mouvement dépasse la simple question des déchets. Il participe à une vision plus large : celle d’hôpitaux qui prennent soin de la santé humaine et de celle de la planète. La valorisation devient donc une composante de la qualité des soins, au même titre que l’hygiène ou encore la sécurité.
Comme le souligne d’ailleurs un directeur de logistique interrogé dans ce sens : « Trier ses déchets à l’hôpital, c’est comme se laver les mains avant une opération : cela devrait aller de soi ». Les prochaines années diront si cette philosophie s’ancre durablement, mais en tout cas une chose est sûre : les premiers exemples – et l’arrivée de partenaires spécialisés comme Hector – prouvent bel et bien qu’un nouveau chapitre s’ouvre déjà !